"Ce n'est pas compliqué", cette petite phrase m'accompagne depuis des années, comme un "outil de vie" du quotidien, grâce à la lecture des ouvrages du philosophe Alexandre Jollien.
Alexandre Jollien communique régulièrement sur ses "pharmacopées" dans son blog très intéressant. Je communique ci-dessous son texte concernant "Ce n’est pas compliqué".
J'observe en permanence de nombreuses personnes qui se rendent la vie trop compliquée, simplement parce qu’ils ne prennent pas les événements du quotidien avec suffisamment de recul et de calme, il en résulte su stress, de la contrariété, un état déprimé, ...
Personnellement, "Ce n'est pas compliqué" me sert tous les jours pour ne pas me laisser envahir par des événements banals du quotidien qui pourraient vite me "pourrir" la vie et rendre mon temps plus fade, plus triste.
Grâce au Yoga, je suis pleinement conscient que le temps est universel, il est inchangeable, incontrôlable, le même pour tous, il s’applique à tous de la même façon, et se sont nos choix qui nous permettent d’utiliser ce temps de la meilleure des façons.
J'ai fait le choix depuis plusieurs années de "ne pas compliquer" le temps qui m'est offert.
Je suis en retard le matin parce que mon fils traine dans la salle de bain, "ce n'est pas compliqué", je respire (grâce au pranayama du yoga) et je l’accompagne pour accélérer plutôt que de lui hurler dessus à tu-tête.
Je n'entends que des actualités catastrophiques à la radio, sur la route du travail, "ce n'est pas compliqué", sans être indifférent, je zap sur une chaîne musicale ou je coupe la radio, et je me rappelle que les médias sont violents, intrusifs, ... et qu'à mon niveau je ne peux pas changer tous les malheurs du monde, mais rester dans la réalité des miens, de mon environnement, "bien faire" ce qui est à ma porté.
J'arrive au travail et je ressent dès la première minute le stress de mes collègues, qui dès les premières heures de la journée ont déjà un niveau de tension très élevé par manque de recul et de calme, une conscience trop faible du temps qui passe, et une certaine habitude à faire d'un non-événement un événement stressant, ... alors "ce n'est pas compliqué", je respire (grâce au pranayama du yoga), j'écoute un instant le problème du jour et je propose une solution, j'invite à prendre un peu de recul et à passer à autre chose.
Et tout cela m'accompagne toute la journée, sans cesse, c'est installé dans mon quotidien, et le rend plus doux... alors je ne suis pas non plus à l'abri du dérapage, de moments où je m’agace pour rien, où mes réactions ne sont pas constructives, pas adaptées, ... mais "ce n'est pas compliqué" je reviens le plus vite possible à une façon de penser plus calme, un état védique.
Bonne lecture.
Un mien ami prononce souvent cette phrase. Dès qu’une difficulté se présente, alors que j’ai tendance à me perdre dans les remords, les regrets, bref, le passé conditionnel – « Ah, si on avait fait ça ! », « Si seulement il y avait eu cela ! »… –, il m’aide à doucement revenir au réel en disant : « Ce n’est pas compliqué. » Et à chaque fois, je le vois poser un acte qui soulage, un acte concret, banal souvent, mais qui ouvre l’horizon et fait évoluer la situation qui paraissait une calamité à mes yeux. Je rate un train, ce n’est pas compliqué, je prends le suivant. On se moque de moi dans la rue, ce n’est pas compliqué, j’observe ma tristesse et je n’en fais pas des tonnes. Ce refrain, loin de banaliser les tracas quotidiens, loin de nier les plus grandes épreuves, invite à cesser de se réfugier dans l’immobilisme, à ne pas tomber dans les commentaires intérieurs qui nous égarent à discuter le réel plutôt qu’à passer vraiment à l’action. Oui, plus d’une fois, face à un problème technique, un ordinateur rétif, la difficulté de mettre une carte de crédit dans un appareil bancaire, je me perds en d’inutiles considérations, je peste contre la réalité, ce qui ne résout en rien la question, au contraire. « Ce n’est pas compliqué » me ramène à ce que j’ai sous les yeux et m’aide à trouver une solution concrète, à voir la situation bien en face et à agir en conséquence : demander de l’aide, patienter, ralentir… Voilà ma nouvelle ascèse : ne pas en rajouter. Depuis peu, je cherche à simplifier mon mode de vie. Je le confesse, depuis dix ans, je me lève presque chaque jour avec une première pensée : « J’en ai marre. » Et j’observe que ce premier sentiment n’est pas incompatible avec la joie. Je peux en avoir marre et repérer en moi une parcelle de mon être qui demeure joyeuse. Longtemps, j’ai voulu évacuer le « j’en ai marre » matinal par toutes sortes d’exercices spirituels. Et pourtant, ce n’est pas compliqué ! S’il s’impose, je peux l’accueillir en toute simplicité, comme un moment du jour qui passera. Et je constate que le dernier mot qui conclut mes journées est immanquablement un « merci ». Le retour au réel me conduit à ne pas en rajouter.
Aujourd’hui, je n’en ai plus marre d’en avoir marre, je l’accepte comme une réaction presque naturelle. Et la phrase de mon cher ami m’aide à assumer le quotidien tel qu’il est, imparfait. J’apprends que le bien et le mal, la joie et la tristesse peuvent cohabiter, en paix allais-je dire. Le « j’en ai marre » matinal me montre toutefois précisément que, dans ma vie, j’en fais trop. Aurais-je oublié la difficulté de ma condition ? Oublié ce corps souvent fatigué que j’ai tendance à mépriser en le sollicitant à l’excès ? Ce n’est pas compliqué. Je désire vivre plus simplement. Peut-être d’abord me faut-il me fixer moins de buts pour quitter le superflu. Car ce qui me stresse plus que tout, c’est de ne pas avoir le temps. Faute de temps, tout imprévu est perçu comme chronophage, comme de trop, justement. Depuis peu, chaque matin, je me fixe deux ou trois objectifs, l’essentiel en un mot : « Qu’est-ce qui compte vraiment ? », « Qu’est-ce que je désire réellement accomplir aujourd’hui ? », et le reste suit, il se fait de surcroît. Le même ami me dit fréquemment que « qui trop embrasse mal étreint ». Souvent, en rencontrant une personne, en l’écoutant, je songe déjà à l’activité que j’accomplirai ensuite. Et assurément, dans cet état d’esprit, on étreint mal la réalité.
Alexandre Jollien
